Pourquoi la quête du sourire parfait nous obsède
Dans la vraie vie et sur les réseaux, qui ne rêve pas d’afficher un sourire radieux? Désormais, on embellit ses dents, on soigne ses lèvres et on chouchoute son microbiote buccal avec précaution.
Pendant les années Covid, il a fallu apprendre à sourire avec les yeux. Mais depuis que les masques sont tombés, c’est la bouche entière qui fait l’objet de toutes les attentions. Les dents en particulier, stars des selfies qui inondent les réseaux, y apparaissent bien plus ultrabright que nature. La faute aux options de blanchiment virtuel proposées par les filtres TikTok. Le terme désolant des «sans dents», utilisé par François Hollande pour désigner les populations défavorisées, confirme la fonction de marqueur social de notre dentition que l’on veut parfaite. Au risque de se laisser tenter par les sirènes des charlatans qui bradent leurs services sur le Net ou à l’étranger… Et c’est la même chose pour la forme des lèvres, toujours plus pulpeuses et parfaitement «contourées» grâce au miracle de la tech…
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Il n’en a pourtant pas toujours été ainsi. Un coup d’œil à de vieilles photos suffit pour s’en convaincre. Se faire tirer le portrait a longtemps été une affaire sérieuse, on s’y montrait respectable comme sur les tableaux que faisaient peindre les notables. Le sourire était considéré comme grossier. Il faudra attendre l’avènement de la pub et la démocratisation de la pellicule pour que l’interdit devienne une injonction, synonyme de séduction. Et ce sont aux femmes surtout qu’il appartient désormais de faire bonne figure… Un diktat contre lequel la Gen Z semble se révolter derrière le hashtag «resting bitch face» − ce que l’on pourrait traduire par «visage de pétasse au repos» − assumé.
Toucher à la bouche sans perdre le sourire
Paradoxe de la génération «en même temps», c’est aussi sur ces réseaux que pullulent les promos pour des «traitements» de blanchiment, voire de redressement des dents «do it yourself», au risque de privilégier une approche court-termiste au détriment de la santé. Celle de nos dents, de notre bouche… et par extension de notre organisme. «Notre bouche, avec ses muqueuses, ses glandes salivaires et ses organes que sont les dents et la langue est la porte d’entrée de notre monde intérieur, souligne le gastro-entérologue Bruno Donatini. C’est par là que pénètrent les aliments et l’air mais aussi les microbes et les virus auxquels elle va faire barrage.» Dans La bouche, miroir de votre santé (éd. Flammarion), cet expert expose les liens entre l’équilibre fragile de notre écosystème buccal et le fonctionnement de notre système digestif, mais aussi de nos autres fonctions vitales. Toucher à la bouche n’est donc pas sans risque. Et tout devrait commencer par une hygiène bucco-dentaire irréprochable, avant d’intervenir sur la couleur de notre émail ou la densité de nos lèvres. Sans laisser de côté notre microbiote buccal, soit notre deuxième flore la plus abondante, après celle du côlon.
Dans notre cavité buccale, bactéries et virus cohabitent en bonne entente. Mais divers facteurs peuvent influencer l’apparition d’espèces pathogènes qui sont à l’origine de caries ou gingivites, de la mauvaise haleine mais aussi de maladies plus graves. L’excès de sucre est le point noir le plus connu mais le tabac, le cannabis et l’alcool sont aussi néfastes. Plus surprenant, les aliments lacto-fermentés doivent être consommés avec modération selon Bruno Donatini. Quant aux antibiotiques, ils appauvrissent notre microbiote buccal. Il est donc essentiel de mettre en place des rituels de nettoyage minutieux, dès le plus jeune âge.
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